Le chant choral doit d'abord être populaire, dans la meilleure acception du terme, et, à ce titre :

  • il s'adresse à tous les niveaux : de l’initiation au perfectionnement. Car, avant de « savoir » chanter, il faut «aimer » chanter. 
  • il regroupe autour de lui des personnes de toutes sensibilités, de toutes opinions, de tous milieux, qui apprennent à vivre, à faire, à créer ensemble.
  • il aborde la plupart des genres musicaux : des cantus du Moyen Age à la musique contemporaine, en passant par le raffinement polyphonique de la Renaissance, les œuvres sacrées, la chanson moderne et le folklore.

Cet admirable moyen d'expression communautaire ne doit pas nous étonner à la pensée que l'on peut faire chanter, et bien chanter, toute personne motivée, voire hésitante. Le vrai travail appartient au chef de chœur : il lui faut de bonnes qualités techniques et humaines pour être l'animateur d'un groupe dont il saura tirer le plus beau. Pour donner confiance, pour communiquer un souffle, un élan, il lui revient de prendre et de vaincre les difficultés en lui, afin que rien ne transparaisse dans l'apprentissage. Ainsi, il apprivoisera peu à peu le choriste qui franchira plus aisément les obstacles mélodiques, rythmiques et harmoniques.

 

Cela demande une culture musicale appropriée, de l'enthousiasme, de la persévérance, de la patience, de l'oreille, le sens d'autrui, la foi en l'homme, la conviction de la mission éducative de l'art, et, de plus, le besoin de donner, d'ouvrir et d'aider.

Alors peut s’élancer une chorale qui, ne sachant pas lire la musique, la découvrira et la vivra sensoriellement, car le choriste est lui-même son propre instrument. Un instrument tout neuf, sensible, fragile, délicat, qu'il faut connaître pour le façonner et l'améliorer. 

Les conditions de réussite du chant choral populaire résident dans la symbiose qui s'établit entre le responsable et le groupe, avec le souci permanent d'une recherche de la qualité individuelle et collective. Avec quinze, vingt ou trente voix débutantes, moyennes ou entraînées, il s'agit d'en construire une, qui est belle : celle du choeur. Un choeur qui s'équilibre et s'épanouit les uns par les autres, les uns avec les autres.

Mais cependant, ne rêvons pas. Les petites discordances entre les personnes sont normales : c'est la vie. On ne peut pas aimer ni même apprécier tout le monde ; on peut au moins s'accepter lorsqu'on se donne librement un objectif commun : faire et vivre une musique qui nous rend meilleurs. Ce faisant, on admet volontiers que vivre, c'est traverser des tempêtes, et chacun alors, doit ramer dans la même direction avec la même conviction.

C'est une richesse incalculable que de sentir l'espérance d'un groupe capable d'aller à contre-courant du déchaînement de haine et de violence qui déchire le monde et bafoue la dignité de l’homme.

 

L'art choral : expression de vie, expression de fraternité, est l'art éducateur par excellence, car il contient les germes du beau, de l'exigence, de la recherche d'une qualité sans cesse renouvelée. Il crée, chez la personne, le désir et le bonheur de l'accomplissement de l'ensemble de ses facultés pour un mieux-être avec lui-même et avec les autres. L'harmonie des sons fait l'harmonie des groupes.